billet.   

Extraits de mon journal que vous pouvez consulter sur mon site http://armel.duteil.free.fr

LUNDI 20 AOUT 2018 :

Aujourd’hui, je commence l’écoute pour rencontrer les détenus dans deux nouvelles prisons. La prison des détenus malades (pavillon spécial), située dans un des hôpitaux de la ville, puis une prison pour les courtes peines (jusqu’à deux ans). Dans les deux endroits, je suis très bien accueilli car ces visites permettent aux détenus qui le veulent de venir parler personnellement de leurs problèmes et cela réduit un certain nombre de tensions.

Je commence par recevoir les chefs de chambre pour parler avec eux de leurs responsabilités et leur expliquer le but de mes visites. Ensuite, je prends le temps de parler avec le personnel ; d’ailleurs j’en connais déjà un certain nombre pour avoir travaillé avec eux dans d’autres prisons.



MARDI 21 AOUT :

Un prisonnier, tout juste libéré, vient me voir : il n’a pas d’argent pour payer le car et retourner dans sa famille. C’est à chaque fois le même problème. Nous avons reçu quelques dons pour constituer une petite caisse afin de répondre à ces besoins. Nous parlons de son retour en famille et de ce qu’il va faire pour se réinsérer dans la société. Il a l’intention de cultiver le terrain de sa famille.

SAMEDI 25 AOUT :

Comme chaque samedi, après la messe nous saluons personnellement chacun des détenus et cherchons à commencer à résoudre l’un ou l’autre problème. Aujourd’hui, en particulier un nouveau détenu étranger qui me demande de prévenir sa famille et de lui chercher un avocat ; un autre, de donner des nouvelles à sa femme et de téléphoner à son ambassade.


LUNDI 27 AOUT :

A la prison, le gros problème actuellement est celui de l’eau. Déjà, depuis plusieurs semaines, l’eau manque gravement à DAKAR. La ville grandit de plus en plus et les installations n’ont pas suivi. On a fait plusieurs grands forages, avec l’aide du Japon on va ouvrir une usine de dessalement de l’eau de mer. Et on met de nouvelles canalisations depuis le Lac de GUIERS alimenté par le fleuve Sénégal, à plus de 400 km. Mais cela demande des fonds et du temps. C’est un grave problème pour tous, qui a entraîné de nombreuses manifestations et révoltes. Dans les quartiers, les gens peuvent au moins aller aux bornes-fontaines publiques. Mais pour les prisonniers ce n’est pas facile. Ne pouvant pas se laver normalement, ils ne peuvent pas faire de sport non plus ni laver leurs habits. Cela n’arrange pas leur moral. J’essaie de leur expliquer que c’est un problème général, mais ça n’apporte pas de solution pour eux.


Je prends peu à peu connaissance de la prison. Nous parlons en particulier avec l’assistant social de la possibilité de commencer des cours d’alphabétisation car beaucoup de prisonniers n’ont jamais été à l’école. La plupart des détenus de cette prison sont condamnés à deux ans. C’est beaucoup moins qu’au Camp Pénal où les prisonniers sont souvent condamnés à 10 ans. Ils sont aussi moins nombreux et les conditions de vie sont moins dures. Mais la séparation de leur famille est toujours aussi difficile à supporter. Comme la prison est plus petite, ils ont moins de possibilité de faire du sport ou même des exercices.


Malgré tout, il faut reconnaître que la situation des prisonniers s’est améliorée. La plupart des prisons datent d’avant l’Indépendance (en 1960). L’Etat cherche à les aménager peu à peu. Mais à la prison centrale, ils sont plus de 250 détenus dans une salle de 15 mètres sur 10. Ils doivent se coucher à tour de rôle, car la place ne suffit pas pour tout le monde et beaucoup dorment par terre. On parle de construire de nouvelles prisons, mais on attend toujours. Cependant, la prise en charge des détenus a été augmentée (environ 2 euros par jour et par détenu, tout compris : nourriture, soins de santé, etc…).

Autrefois, le personnel était formé à l’Ecole de Police. Maintenant, les candidats sont formés dans une école spéciale, mieux adaptée aux besoins. Et l’Observatoire des prisons a lancé toute une série de formations pour lutter contre les coups sur les prisonniers, les brimades et même des tortures –rarement cependant-. Personnellement, je suis très bien reçu et attendu par les détenus, mais aussi le personnel. Ma présence et mes passages les encouragent et les amènent aussi parfois à avoir un peu plus de retenue. Et à chaque fois, nous parlons de leurs difficultés.


SAMEDI 1er SEPTEMBRE :A la prison, après la prière avec les chrétiens, nous avons un moment pour parler avec les détenus. Aujourd’hui, je parle spécialement à un prisonnier originaire de Guinée Equatoriale, arrêté à Dakar. Loin de chez lui, il n’a ni visite, ni soutien. Il est à la recherche d’un avocat, mais il n’a pas les moyens de le payer. Sa femme est en Espagne. Je vais lui donner quelques nouvelles pour la rassurer.

Puis je parle avec un jeune guinéen. Sa mère, qui m’a connu quand j’étais dans les camps de réfugiés pendant la guerre du Liberia, est très inquiète pour lui. Il est assez nerveux et s’est fait tabasser par les gardiens, parce qu’il s’était bagarré avec un autre détenu. Comme beaucoup d’autres prisonniers, il est révolté de voir que les artistes (rappeurs….) ou personnalités politiques sont jugés rapidement et souvent libérés avec des condamnations avec sursis, pendant que les autres font plusieurs années en prison avant d’être jugés. Ils ont écrit une lettre à l’Observatoire des prisons, mais la situation est très tendue.


LUNDI 3 SEPTEMBRE :

La Directrice de l’une des prisons est décédée brusquement. C’était une femme très droite et soucieuse des détenus. Sa mort cause une grande tristesse et il y a beaucoup de monde à son enterrement.


SAMEDI 8 SEPTEMBRE :

Ce jour, je fête le 60ème anniversaire de mon engagement à la vie religieuse chez les Missionnaires spiritains. Je suis heureux de fêter cet anniversaire important pour moi dans la prière avec les détenus de la grande prison de Dakar.


LUNDI 10 SEPTEMBRE :

D’abord je vais à la banque toucher l’argent qu’une amie sénégalaise m’a envoyé pour m’aider à acheter un nouvel ordinateur, pour remplacer celui qu’on m’a volé. Puis je pars rapidement pour les deux prisons que je visite chaque lundi. Je reçois les détenus un par un pour les écouter et voir comment les aider, chacun selon ses problèmes. Là, ce sont surtout des besoins d’avocats pour leur défense, de lunettes, d’argent, de nourriture, etc… Malheureusement, nos moyens sont très limités.

Puis je passe à l’Observatoire des prisons pour leur parler de la situation générale et leur parler d’un certain nombre de cas qui méritent une solution


JEUDI 13 SEPTEMBRE :

Cela faisait trois semaines que je n’avais pas pu aller à la prison des femmes, à cause de la fête de la Tabaski et parce qu’une semaine sur deux je me consacre aux hommes du Camp Pénal. Aussi je suis très attendu. Comme je ne pourrai pas voir toutes celles qui le désirent, je commence par les dernières arrivées pour voir avec elles comment s’intégrer le mieux possible, s’adapter à leur nouveau mode de vie, s’entendre avec toutes, mais aussi se trouver l’une ou l’autre amie pour avoir quelqu’un avec qui se confier, ce qui est très important. Nous parlons un bon moment avec la coiffeuse qui vient former les volontaires, pas seulement pour les occuper, mais surtout leur donner la possibilité de travailler et de gagner un peu d’argent pour vivre à leur sortie. Enfin, je prends contact avec la greffière et les autres membres du personnel qui viennent d’arriver. Je tiens à assurer les meilleures relations possible.


SAMEDI 15 SEPTEMBRE :

Comme j’avais dit la dernière fois à la prison que je fêtais mon 60ème anniversaire de vie religieuse, aujourd’hui, à la fin de la messe, ils ont tenu à chanter tous ensemble avec moi le chant de la promesse. Cela a fait du bruit et mis de l’ambiance et m’a beaucoup touché. Ensuite, il nous reste encore une demi-heure pour parler avec ceux qui le veulent, écouter leurs problèmes, et leur apporter l’aide ou les choses dont ils ont besoin, autant que cela nous est possible.


LUNDI 17 SEPTEMBRE :

Après une écographie et ma visite chez le cardiologue, j’ai pris une série de médicaments pour la régulation de mon rythme cardiaque et la tension. Ce matin, je retourne à l’hôpital pour une prise de sang. Comme je connais tout le monde, cela se fait rapidement et je peux rentrer de bonne heure, car cet après-midi je retourne dans deux prisons pour l’écoute. Deux autres personnes de notre aumônerie m’accompagnent, de manière à pouvoir recevoir le maximum des détenus demandeurs d’écoute. Notre nombre perturbe un peu l’organisation, car il n’y a qu’un seul petit parloir, mais nous nous arrangeons pour cette fois-ci. Un des responsables de l’administration pénitentiaire est de passage et il nous rappelle notre devoir de réserve. Nous le rassurons, car nous connaissons bien le règlement et nous nous y tenons.


Nous prenons le temps de parler aussi avec l’infirmier. Pour les cas les plus graves, les détenus sont conduits sous bonne garde à l’hôpital voisin. Avec le responsable du Service Social, nous abordons la question de l’alphabétisation en français et en arabe qui va commencer jeudi, de la bibliothèque et des problèmes d’eau.

Nous repartons avec l’espoir que les choses vont s’organiser peu à peu : confiance et patience !


Sur le chemin du retour, je m’arrête comme chaque lundi au Pavillon spécial visiter les détenus gravement malades. Quand je rentre il fait presque nuit.

SAMEDI 22 SEPTEMBRE :

Prière avec les chrétiens à la prison. Comme chaque fois, j’essaie d’appliquer l’Evangile le mieux possible à leur situation, sous forme de dialogue en suscitant leurs réactions. Ce sont surtout les anglophones nigérians qui interviennent (nous prions en trois langues principales : français, anglais, wolof). A la fin de la messe, comme chaque samedi, nous prions spécialement pour ceux qui vont passer en jugement la semaine prochaine. A la fin de la messe, contacts avec plusieurs détenus, en particulier un malade que nous mettons en relation avec un garde pour qu’on le conduise à l’infirmerie, et un jeune Guinéen. Je suis en contact régulier avec sa mère par téléphone (j’ai travaillé 10 ans dans leur région et je parle leur langue). Elle m’a demandé de lui faire remettre un peu d’argent pour ses besoins de base. Puis je parle avec un détenu de Guinée Equatoriale, en espagnol. Sa femme est en Espagne. Je lui ai téléphoné ce jeudi et je peux donc donner au détenu des nouvelles de sa famille. Il va être libéré normalement la semaine prochaine. Je vais voir avec l’ambassade d’Espagne s’ils peuvent l’accueillir à la sortie pour qu’il ne reste pas traîner dans les rues, surtout qu’il ne parle ni français, ni ouolof. Il a été arrêté à l’aéroport. Je vais voir aussi comment faire pour son retour en Espagne.


A mon retour à la maison, j’ai rendez-vous avec des responsables de la Communauté de San Egidio qui travaille beaucoup pour la paix et aussi contre le SIDA dans de nombreux pays. Avec leur équipe à Dakar, nous travaillons spécialement à la prison des jeunes (Fort B). Avec l’aide de membres de la JOC, nous essayons de former ces jeunes en prison pour qu’ils puissent s’en sortir, en alphabétisation , carrelage et cordonnerie. Des psychologues viennent accompagner certains jeunes déprimés. Nous leur fournissons des produits de 1ère nécessité : brosses à dents, dentifrice, savons, vêtements, chaussures. Nous avons aussi une petite caisse pour les aider à leur sortie, au moins pour retourner chez eux.

Aujourd’hui, comme c’est le moment de la rentrée, nous voyons comment placer quatre jeunes au Centre professionnel des Salésiens pour qu’ils y apprennent un métier. On nous a posé aussi le problème de cinq jeunes handicapés.


LUNDI 24 SEPTEMBRE :

Une nouvelle semaine avec toutes les choses à faire et les personnes qui nous attendent. J’espère régler le maximum de dossiers le matin, car tout de suite après le repas je vais dans deux prisons, comme chaque semaine, pour rencontrer les détenus qui le désirent. Aujourd’hui, un problème spécial : deux détenus étrangers, un nigérian et un camerounais, vont être libérés. Ils ne connaissent personne au Sénégal et n’ont pas les moyens de retourner dans leur pays. Je téléphone aussitôt au Service de la Caritas qui accueille les migrants. Ils vont contacter l’O.I.M., l’Office International pour les Migrations des Nations Unies, pour voir s’ils peuvent prendre en charge le retour de ces deux personnes Cela va être compliqué, mais ça vaut la peine d’être essayé.






COMMENTAIRES D’EVANGILE EN PRISON

Extrait de mon journal que vous pouvez consulter sur mon site http://armel.duteil.free.fr


5) Mc 9, 30-37 : mort de Jésus et vie en communauté

Partis de là, ils traversaient la Galilée, et Jésus ne voulait pas qu’on le sache, car il enseignait ses disciples en leur disant : « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. » Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l’interroger. Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demanda : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » Ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa, et leur dit : « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. »

Dans cet évangile, d’abord Jésus dit à ses apôtres que le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes : ils le tueront mais trois jours après sa mort, il ressuscitera. Jésus sait qu’il va beaucoup souffrir, dans des grandes souffrances sur la croix. Il va mourir de la mort des esclaves. Malgré tout, Il est courageux. Parce qu’il veut faire le travail de son Père jusqu’au bout. Et parce qu’il nous aime, et qu’il veut nous sauver. Pour cela, il est prêt à beaucoup souffrir. Nous aussi dans cette prison, nous souffrons, notre vie est très difficile. Est-ce que nous sommes capables de vivre nos souffrances, comme Jésus et avec Lui ?


Jésus sait qu’il va souffrir. Mais il a confiance dans son Père. Il sait que son Père va le ressusciter le troisième jour. Et nous est ce que dans nos souffrances dans cette prison, nous gardons la confiance en Dieu, et l’espérance? Est-ce que nous sommes capables de supporter ces souffrances dans la paix, pour l’amour de Dieu, en pensant à Jésus christ qui a souffert pour nous ? Ou bien est ce que nous nous mettons en colère, et nous nous révoltons ?


Jésus a beaucoup souffert. Mais le troisième jour, Il est ressuscité à une vie nouvelle. Nous aussi, nous souffrons. Mais dans cette prison, nous pouvons ressusciter à une vie nouvelle avec Jésus Christ. Sans attendre d’être libérés et de sortir de prison. Comment cela ? En réfléchissant à notre vie. Demandons pardon à Dieu pour les mauvaises choses que nous avons faites, sûrs que Dieu nous pardonne. Et cherchons à changer nos idées, nos habitudes et notre comportement. Portons nos souffrances dans la foi. Cherchons à nous entendre avec ceux qui nous entourent, en laissant la méchanceté. Si nous faisons cela, nous ressusciterons avec Jésus Christ à une vie nouvelle.


2) Ensuite Jésus dit : » si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous, et le serviteur de tous ». C’est cela aussi le chemin que Jésus nous montre, pour vivre ce temps où nous sommes en prison dans la paix. Parmi nous, il y a des gens qui veulent se montrer, qui sont orgueilleux, et qui pensent qu’ils sont plus forts que les autres. Il y a même des caïds et des chefs des chambres qui font souffrir les autres. Ils les commandent et se font servir par les autres prisonniers. Il y en a même certains qui prennent un prisonnier plus faible ou plus petit, pour s’amuser sexuellement avec lui dans l’homosexualité : »ils le prennent comme une femme «.  Jésus nous demande de laisser tout cela. Ne pas faire les orgueilleux, ne pas vouloir commander, ne pas vouloir nous imposer aux autres. Mais au contraire, nous mettre à leur service, et les aider dans leurs difficultés. Nous n’avons pas d’argent, pour aider les autres détenus, pour la nourriture les habits et leurs autres besoin. Mais nous pouvons les aider par notre exemple, par notre paix et notre joie. Et aussi par nos bons conseils.


Pour cela, réfléchissons à la façon, dont Jésus a conseillé ses apôtres dans cet évangile. C’est comme cela que nous devons faire. Jésus marchait sur la route et ses disciples étaient derrière Lui. Ils se disputaient pour savoir qui est le plus grand, et qui allait commander. Quand Jésus leur demande de quoi ils parlaient, les apôtres se taisent, ils ne répondent pas. Mais Jésus connait leurs pensées. Il connait aussi le mal que nous avons fait, ce pour quoi nous sommes ici en prison. Bien sûr quand on nous demande qu’est-ce qu’on a fait nous disons : » je suis innocent », nous voulons cacher les choses que nous avons faites. Nous pouvons les cacher aux hommes mais Jésus, Lui, connait nos cœurs. Il connait notre vie, comme il savait de quoi les apôtres parlaient sur la route. Cela ne doit pas nous décourager, parce que Jésus est bon. Jésus nous pardonne, Jésus ne condamne personne. Il sait ce que nous avons fait, mais Il continue à nous aimer. Et Il nous aide à changer notre vie.


Comment Jésus conseille-t-il ses apôtres ? Il ne leur fait pas de reproches, en leur disant : » vous êtes des orgueilleux, vous voulez commander aux autres ». Il ne dit rien sur la route, Il attend d’être à la maison. Là, Il s’assoit tranquillement en paix, Il ne fait pas de grand discours, mais Il donne un exemple : Il leur montre un enfant et Il leur dit : » si vous ne devenez pas comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume de Dieu ». C’est comme cela que nous devons nous conseiller les uns les autres, dans cette prison : pas en faisant des reproches, pas en parlant devant tout le monde, mais en s’asseyant tranquillement pour leur parler doucement. Pas en donnant des conseils mais en donnant l’exemple. C’est par nos bons exemples que nous pouvons aider les autres à changer, pas par nos paroles. Souvent nous parlons trop, mais ce que nous disons, nous ne le faisons pas. Quand Jésus dit : » que le plus grand se fasse le serviteur de ses frères », d’abord, Il l’a fait lui-même. Il a lavé les pieds de ses disciples. C’est d’abord par notre exemple, comme Jésus, que nous allons conseiller les autres nos frères, dans cette prison, sans attendre d’être sortis..


3) Une dernière chose, Jésus dit : » celui qui accueille un enfant en mon nom, c’est moi qu’il accueille ». Dans cette prison, il n’y a pas d’enfant. Mais ces paroles de Jésus, elles ne sont pas seulement pour les enfants. Elles sont pour tous les petits de la société : pour les faibles, ceux qui ne savent pas parler, ceux qui n’ont pas de force, ceux qui n’ont pas été à l’école et qui ne parlent pas français, ceux qui sont malades. Ce sont eux les petits qui sont au milieu de nous. Si nous accueillons les petits de cette prison, à ce moment-là c’est Jésus que nous accueillons. Si nous aidons les plus faibles, qui sont au milieu de nous, les plus faibles dans leur corps, mais aussi dans leur esprit et dans leur cœur, parce qu’ils sont découragés. Alors Jésus sera avec nous, Il nous ressuscitera, et Il nous fera vivre d’une vie nouvelle. Que le Seigneur nous aide à nous abaisser devant Dieu, mais aussi devant les autres : ne pas les mépriser, ne pas les condamner, ne pas faire les orgueilleux. Mais les aimer, dans notre vie telle qu’elle est dans cette prison, pour les petites choses que nous pouvons faire les uns avec les autres.

Extrait de mon journal que vous pouvez consulter sur mon site http://armel.duteil.free.fr


6) Marc 3, 20-36 : Jésus accusé d’être possédé par un esprit mauvais – la famille de Jésus

 Alors Jésus revient à la maison, où de nouveau la foule se rassemble, si bien qu’il n’était même pas possible de manger. Les gens de chez lui, l’apprenant, vinrent pour se saisir de lui, car ils affirmaient : « Il a perdu la tête. » Les scribes, qui étaient descendus de Jérusalem, disaient : « Il est possédé par Béelzéboul ; c’est par le chef des démons qu’il expulse les démons. » Les appelant près de lui, Jésus leur dit en parabole : « Comment Satan peut-il expulser Satan ? Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut pas tenir. Si les gens d’une même maison se divisent entre eux, ces gens ne pourront pas tenir. Si Satan s’est dressé contre lui-même, s’il est divisé, il ne peut pas tenir ; c’en est fini de lui. Mais personne ne peut entrer dans la maison d’un homme fort et piller ses biens, s’il ne l’a d’abord ligoté. Alors seulement il pillera sa maison. Amen, je vous le dis : Tout sera pardonné aux enfants des hommes : leurs péchés et les blasphèmes qu’ils auront proférés. Mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’aura jamais de pardon. Il est coupable d’un péché pour toujours. » Jésus parla ainsi parce qu’ils avaient dit : « Il est possédé par un esprit impur. »

 Alors arrivent sa mère et ses frères. Restant au-dehors, ils le font appeler. Une foule était assise autour de lui ; et on lui dit : « Voici que ta mère et tes frères sont là dehors : ils te cherchent. » Mais il leur répond : « Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? » Et parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. »


Comme d’habitude regardons d’abord Jésus. Les enseignants de la loi l’attaquent, ils l’accusent de chasser les démons par la force de Satan. Jésus reste calme, il ne se met pas en colère. Simplement il s’explique sans méchanceté. Nous-mêmes que faisons-nous lorsque nous sommes attaqués ? Essayons à chaque fois de penser à Jésus, et à la façon dont il se conduit.

Jésus est venu rassembler tous les hommes dans une grande famille, la famille des enfants de Dieu. Si nous faisons la volonté de Dieu notre Père, nous sommes les frères et les sœurs de Jésus.

La famille de Jésus dit qu’il est fou. Parfois dans nos familles, on ne nous comprend pas. Et même on veut nous empêcher de suivre le chemin de Dieu, comme les parents de Jésus voulaient le ramener au village. Nous respectons nos parents. Nous les aimons, mais nous écoutons Jésus en premier. C’est Lui que nous voulons suivre. Quelquefois nos parents nous empêchent de suivre le chemin de Dieu. Ou bien ils nous conduisent dans d’autre chemin. A ce moment-là, il faut choisir. La meilleure façon d’aimer nos parents, c’est de les conseiller lorsqu’ils se trompent de chemin, pour eux ou pour nous. C’est aussi de prier pour eux.


Jésus est accusé d’être possédé par un esprit mauvais. Vous qui êtes en prison, on vous accuse d’être méchants, mauvais, voleurs etc. Vous n’êtes pas mauvais, vous êtes les frères de Jésus. Si vous essayez de changer de vie dans cette prison, et de bien vous conduire, de vous entendre avec les autres et de suivre le chemin de Dieu, Jésus est avec vous et Il vous accueille.. Rappelons-nous ce que Jésus a dit devant la prostituée. Simon disait : » c’est une prostituée ». Jésus Lui dit (Luc 7,36) : » c’est une femme qui a beaucoup aimé : elle sera beaucoup pardonnée ». Si nous cherchons à aimer et à respecter nos frères, Jésus ne nous condamne pas. Au contraire, Il nous permet de commencer une vie nouvelle, comme cette prostituée. Jésus ne regarde pas le mal que nous avons fait, il voit le désir de notre cœur, et la façon dont nous vivons aujourd’hui. Avec Jésus, c’est possible de vivre en paix, même dans cette prison.


Jésus fait de nous ses frères. La famille de Jésus est ouverte à tous. Nous voulons faire de cette prison la maison de Dieu et la famille de Jésus. Avec le saint Esprit, c’est possible.

Que faire pour cela ? L’évangile d’aujourd’hui nous l’explique. D’abord laisser les affaires de Satan, le maraboutage et la sorcellerie, pour suivre le chemin de jésus. Ensuite être courageux, comme Jésus. Et rester des hommes de paix, même quand on nous attaque. Pardonner comme Jésus nous pardonne.

Et surtout écouter le Saint Esprit : faire ce qu’il nous demande dans notre cœur, et surtout ne pas le rejeter Enfin, faire la volonté de Dieu notre Père, pour vivre comme de vrais enfants de Dieu, et avoir la paix et le bonheur des frères de Jésus.

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7) Marc 8, 27-35/ Pierre dit à Jésus : tu es le Messie de Dieu


Jésus s’en alla, ainsi que ses disciples, vers les villages situés aux environs de Césarée-de-Philippe. Chemin faisant, il interrogeait ses disciples : « Au dire des gens, qui suis-je ? » Ils lui répondirent : « Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres, un des prophètes. »Et lui les interrogeait : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre, prenant la parole, lui dit : « Tu es le Christ. » Alors, il leur défendit vivement de parler de lui à personne.

Il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite. Jésus disait cette parole ouvertement. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches. Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »

Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera.


Aujourd’hui c’est à nous que Jésus pose cette question : « Pour vous, qui Je suis ? ». Bien sûr, nous savons la réponse dans notre cœur. Nous croyons que Jésus est le Fils de Dieu, et qu’Il nous a aimés jusqu’au bout, jusqu’à la mort. Il a donné sa vie pour nous, par amour, dans de très grandes souffrances sur la croix, de la mort dont on faisait souffrir les esclaves. Autour de nous nos amis musulmans connaissent Jésus, on en parle souvent dans le Coran. Ils disent comme les hommes de l’Evangile que Jésus est un prophète. Nous respectons leur foi. Mais nous, nous savons que Jésus est vraiment le Fils de Dieu. Ce n’est pas seulement un homme saint, le Fils de Marie, qui a annoncé l’Evangile. C’est le Fils de Dieu lui-même, qui est descendu sur terre pour nous sauver. Cela ne doit pas nous empêcher de vivre en paix, et même de travailler ensemble chrétiens et musulmans, puisque eux aussi connaissent Jésus et qu’ils le respectent.

Pierre dit à Jésus : » Tu es le Messie, l’envoyé de Dieu ». Les juifs attendaient un Messie, un Sauveur envoyé par Dieu. Mais quel Sauveur attendaient-ils ? Ils attendaient un chef militaire, fort, avec une armée, qui allait chasser les Romains qui avaient colonisé le pays. Ce n’est pas cela que Jésus est venu faire. C’est vrai, Il est venu faire la guerre, mais la guerre contre le péché, contre le mal, contre Satan. Il n’est pas venu seulement donner l’indépendance au pays, et chasser le colonisateur, Il est venu libérer notre cœur de tout péché, de tout mal, de toutes les souffrances, et de tout ce qui écrase les hommes.

Et nous qui sommes en prison, quel Sauveur nous attendons ? Il y a des détenus qui prient Dieu en demandant à Jésus de les faire sortir de prison, et de faire qu’ils ne soient pas condamnés, même s’ils savent dans leur cœur qu’ils ont fait du mal. Ce n’est pas cela le Sauveur que Dieu nous promet. Jésus ne va pas faire le travail à la place des hommes. Ni faire de miracle pour nous. Si nous sommes en prison, cherchons un avocat. Demandons à être jugés d’une façon juste. Sinon nous aurons le droit de nous défendre, et de faire appel. Mais Dieu ne remplace pas les hommes, Il ne fait pas leur travail à leur place. Alors, qu’est-ce que Jésus fait ? Jésus est avec nous, Il ne nous laisse pas tout seul. Même quand vous serez devant le Tribunal, même si vous n’avez pas d’avocat, Jésus sera à côté de vous. Car Lui aussi a été jugé, et condamné. Et déjà, Jésus vous accompagne en cette vie difficile, que vous menez maintenant à la prison. C’est pour cela que Jésus dit : « « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera », et Je le ressusciterai.

Jésus veut nous ressusciter. Pas après notre mort. Pas quand nous sortirons de cette prison. Mais déjà aujourd’hui, là où nous vivons. Ressusciter veut dire quoi ? Cela veut dire vivre d’une vie nouvelle. Notre vie a changé, ici en prison. Il faut en profiter pour changer nos pensées, et aussi changer notre comportement : vivre ce temps en prison avec Jésus. Chercher à vivre comme Lui dans la paix, et dans la confiance envers Lui. Et aussi en aimant tous ceux qui nous entourent. Jésus dit à Pierre : « Tes pensées ne sont pas celles de Dieu ». Si nous sommes en prison, Jésus est avec nous. Il nous aide à changer nos pensées et notre coeur, à changer nos habitudes et notre comportement. Et changer notre vie pour vivre une vie nouvelle, quand nous sortirons. Et déjà maintenant, avec ceux qui nous entourent

Que l’Esprit de Jésus, l’Esprit Saint, nous donne la force, le courage et l’espérance.


Extrait de mon journal que vous pouvez consulter sur mon site http://armel.duteil.free.fr

Père Armel Duteil




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